Votre pote Jeff va encore vous entretenir d’un sujet « humain »
« Putain, fait chier l’vieux radoteur, y va nous bassiner ! »
« Qui a dit ça ? Hein… qui ? Qu’il se dénonce … et d’abord j’suis pas vieux… »
En trois petites décennies nous sommes entrés dans l’ère du tout technologique.
Si la technologie – électronique en tête - est un bienfait pour l’homme, ce dernier s’est laissé complètement bouffer par elle.
Le postulat de départ était que les nouvelles techniques viennent assister ou débarrasser l’homme de tâches difficiles, rebutantes, fatigantes, dangereuses.
Aujourd’hui ce sont les machines bourrées de nouvelles technologies qui asservissent l’homme. Et créent des situations parfois dangereuses.
Non, non, ne fuyez pas cet article, il ne sera pas question ici d’idées passéistes ou de « ronchonneries » d’un vieux grincheux arquebouté sur la populassière formule « de mon temps c’était mieux ».
Tous les domaines sont concernés, il suffit de se souvenir de la paralysie de l’Europe lors de l’éruption du volcan Islandais ; de constater l’arrêt d’une entreprise pour une panne informatique, etc. Ce ne sont que des exemples parmi des milliers d’autres. Nos équipements technologiques prévoient tout … sauf l’imprévisible.
Mais brisons là, tout le monde connaît un exemple de l’homme dépassé par la technologie. Venons-en au titre de cet article.
De nos jours la fiabilité des automobiles est éprouvée par des batteries de crash-tests en tous genres, pilotés par des robots, pour offrir au conducteur les meilleures garanties de sécurité. Auparavant ces tests étaient effectués par des cascadeurs/essayeurs.
Quelle différence direz-vous ?
Énorme !
Quelle que soit la reproduction « humaine » d’un robot pour simuler un conducteur dans une situation donnée, jamais il ne pourra remplacer l’homme/cascadeur.
Prenons un exemple : une percussion frontale pour tester la déformation de la carrosserie, l’efficacité des ceintures, les réactions du corps durant le choc.
Logiquement, en cas d’accident, le conducteur ne craint plus rien puisque tous les cas de figure ont été envisagés… et pourtant chaque accident est unique et toutes ces mesures n’ont pas empêché des dégâts matériels et corporels inexplicables.
Inexplicables pour les « théoriciens tout technologique », pas pour les « hommes concrets assistés par la technologie ».
Pourquoi ?
Au moment d’une percussion, chaque individu réagira différemment et selon ses aptitudes mentales et physiques. Tout le monde n’a pas les mêmes réflexes et la même rapidité d’analyse en situation de danger. Certains se crisperont sur le volant, d’autres seront tétanisés par la peur, d’autres encore tenteront un évitement … etc.
Un robot ne réagit pas comme un homme, il ne possède pas toutes les capacités d’un cerveau humain, même équipé du plus perfectionné logiciel qui soit.
Le choc ressenti par la voiture et le corps sera plus ou moins violent selon que le conducteur aura agi dans un sens ou un autre : freinage, coup de volant de côté, bras et jambes fermement tendus servant d’amortisseurs, déplacement du corps latéralement … tous ces facteurs modifieront la force de l’impact et ses conséquences induites.
Le « corps » d’un robot est inerte et subit donc les forces de toute masse inerte en déplacement, il n’a pas de réflexe, pas cette montée d’adrénaline subite qui commande des gestes désespérés d’une force et d’une dimension surhumaines. La puissance inertielle d’un corps lors d’une percussion frontale ne peut être la même pour un robot que pour un homme. Les données obtenues par les tests robotisés ne sont que théoriques et servent d’indicateurs. Mais en aucun cas le reflet d’une réalité.
Le propos n’est pas de contester ces tests, mais de les valider par l’essai humain.
Tout comme un cascadeur qui, avant d’effectuer une reproduction d’accident, fera des essais théoriques et pratiques ainsi que des calculs avant de réaliser lui-même l’ultime test, le robot est utile pour éliminer une grande partie des impondérables et valider le test final à l’échelle humaine.
Lors d’exécution grandeur nature par les cascadeurs de centaines de percussions – frontales ou latérale - de tonneaux, de sauts, de glissades contre les barrières de sécurité… ceux-ci constatent toujours le même phénomène : il n’y a pas une seule résultante identique entre chaque essai.
Les ceintures de sécurité si efficaces aujourd’hui, les glissières de sécurité au bord des routes, ont d’abord été testées par des cascadeurs il y a un peu plus de 40 ans, les robots n’ont apporté que des améliorations de confort et d’usage.
Conclusion :
Les essais humains avaient le mérite d’alerter les usagers, ils disaient en substance « attention ! Voilà ce qui peut vous arriver en cas d’accident, tout est possible» et donc provoquer chez le conducteur une prise de conscience et le responsabiliser.
Les essais robotisés, ressemblant à des jeux vidéos, parce qu’ils sont poussés à l’extrême et sont spectaculaires par leur technicité, offrent une fausse sécurité, le conducteur se retranche derrière l’infaillibilité de la technologie et devient passif. Comportement curieux, et paradoxal, car les milliers de dysfonctionnements quotidiens du « tout électronique » devraient au contraire susciter le doute, donc la prudence.
La technologie est un fabuleux outil, mais elle doit rester un outil et non supplanter la réflexion et la décision humaines.
Restons humblement des hommes. Nous sommes encore à ce jour bien meilleurs que la technologie la plus poussée.