S’il y a un sujet fort débattu depuis quelques années, c’est bien celui-là :
LA POLICE.
Les arguments avancés pour ou contre sont toujours restrictifs, personnels, subjectifs. Rares sont les analyses objectives, distanciées.
DISTANCIEES, voilà le terme exact.
Or, selon moi, un seul argument est recevable :
Pour être respecté il faut être respectable.
Développons un peu le sujet.
Depuis ces trois ou quatre dernières décennies, la crédibilité des policiers n’a cessé de s’effriter et par conséquent le respect qui va avec.
La faute à qui ? A eux en premier qui ont accepté tous les excès des politiques en appliquant sans discernement leurs lois scélérates ou liberticides.
Vous allez me rétorquer : « une police est au service de l’Etat ! »
Bien entendu, mais elle a le droit – et le devoir – de ne pas tout accepter d’un pouvoir politique car elle est aussi au service du public. Elle peut même s’opposer en cas de dérive grave. Obéir aveuglement sous prétexte que l’on est dépositaire de l’autorité d’Etat est la plus grande des lâchetés. (Inutile de rappeler ici les horreurs commises par la police française sous l’occupation, et par toutes les polices sous des gouvernements totalitaires ailleurs dans le monde au nom de l’Etat).
Les politiciens ne feront que passer, ils sont interchangeables, alors que l’administration des pouvoirs publics est pérenne. Comment expliquer alors qu’un policier puisse sanctionner au nom de telle loi aujourd’hui et ne plus le faire demain (ou vice versa) parce qu’un changement de politique aura eu lieu ? Qu’en est-il de sa conscience ? De son libre arbitre ? De sa dignité ?
De là viennent les problèmes actuels. A force de n’être que des outils d’une succession d’hommes politiques et de technocrates incompétents qui pondent des lois et des règles dans l’urgence, sans réflexion, sans consultation, sans analyse sérieuse autre que celle d’ "experts" dont on se demande d’où leur vient leur titre, les forces de l’ordre ont perdu leur aura de gardiens de la liberté et de protecteurs justes, impartiaux, compétents.
Je ne vais pas rappeler ici les dérapages, les non-sens, les aberrations et les injustices commises par les policiers au nom de la loi, tout le monde les connaît, et il n’est pas dans mes intentions d’établir une longue liste de griefs.
ATTENTION, n’allez pas interpréter ce billet comme une charge contre la police. Bien au contraire, je suis pour une police efficace, mais je veux qu’elle soit compétente, efficace, juste, compréhensive, éducative et conseillère plutôt que répressive, même si la répression est une composante incontournable de la sécurité publique.
Et que personne ne vienne me dire que c’est impossible, il suffit d’y mettre de la volonté et les moyens ; et de sortir du « tout répressif ».
Face à des policiers bien formés, aptes, justes, courtois et ferme à la fois, faisant preuve de discernement dans l’application de la loi, les citoyens seront plus enclins à prendre leur défense lorsqu’ils seront menacés ou attaqués oralement ou physiquement. De même, les citoyens écouteront leurs recommandations si ces policiers sont crédibles. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui car beaucoup de policiers sont dans cette profession sans formation pédagogique et sans qualités ou dons particuliers pour travailler au contact du public. Ils se retranchent derrière leur hiérarchie, derrière les ordres.
[Aparté : excluons du terme générique "policier" ceux qui ont une fonction spécifique ou hautement spécialisée comme les unités d’intervention, les scientifiques, les administratifs, etc. qui ont un profil adapté et reçoivent une formation]
Les très anciens (comme moi) se souviendront sans doute que nous appelions les motards les « anges de la route ». Ces « anges de la route » étaient respectés car ils ne sanctionnaient que les réelles fautes, sinon ils étaient des modèles de service. En panne au bord d’une route, l’automobiliste était rassuré lorsqu’il voyait arriver les motards. Pourriez-vous imaginer cela aujourd’hui ? Lorsqu’un « ange de la route » faisait une recommandation ou donnait un conseil, il était écouté. Imagineriez-vous cela aujourd’hui ? Le policier de nos jours serait plutôt « jugulaire/jugulaire », « circulez y a rien à voir », « taisez-vous où je vous colle une prune de plus »…
Là j’ai pris l’exemple des policiers motards, mais je pourrais tout autant développer les mêmes arguments au sujet des autres services et diverses branches spécialisées par type de délits.
→ S’ils étaient crédibles ils seraient respectés
→ S’ils étaient respectés leurs interventions ne susciteraient pas tant de contestations, la population aurait confiance en eux.
Une police probe, intègre, efficace, qualifiée, au service et à l’écoute du citoyen, sera respectée et son autorité jamais remise en question car supposée impartiale.
Impossible me direz-vous ?...
Peut-être avez-vous raison, les valeurs de base se sont tant délitées qu’on ne trouve plus que de rares spécimens. Alors comment puiser dans ce vivier citoyen raréfié pour former des policiers si l’espèce est en voie d’extinction ?
Et si les citoyens eux-mêmes se remettaient en cause !?... remettaient les valeurs fondamentales oubliées dans leurs priorités !?... se comportaient comme ils l’attendent de leur police !?... ils pourraient être exigeant sur la qualité de leurs fonctionnaires et faire pression sur les pouvoirs politiques.
Utopique ?... Je sais ! Je sais !... les hommes ne sont pas fiables.
Et pourtant … ça pourrait fonctionner avec un peu de bonne volonté et de bon sens. Mais ces vertus là aussi se raréfient.
L’organisation en société nécessite une police faite par et pour les hommes, mais ne doit pas devenir un outil au seul service d’une minorité dirigeante. Même élue.
Policiers, vous voulez être respectés !?... Alors soyez respectables. Ne soyez plus les marionnettes de politiciens éphémères.
Avant d’être policiers vous êtes des hommes.